Photographies sur les traces de Guillaume Apollinaire au front durant la première guerre mondiale
Je suis partie sur les traces d’Apollinaire, mais aussi sur celle de tous les autres combattants. Le poète représente un cas singulier et emblématique, de même que l’univers poétique et photographique. Ces photographies reflètent ma vision des traces de la guerre 1914-1918 ainsi que des lieux de mémoire.
Des lectures des lettres et poèmes de Guillaume Apollinaire, ainsi que les journaux de marche de ses régiments, j’en ai tiré la base de mon périple photographique. Un premier séjour dans l’Aisne et la Marne, m’a fait découvrir l’étendu du « désastre » Je ne pensais pas qu’un paysage pût garder autant de traces…
J’y suis retourné à plusieurs reprise…… J’ai eu aussi la possibilité de photographier les «villages perdu». Ce sont cinq villages, détruits pendant les combats statiques de la Première Guerre: Hurlus, Perthes-lès-Hurlus, Le-Mesnil-lès-Hurlus, Ripont et Tahure, et comme en 1918, il en restait «peu de choses» ; l’armée française y installa le camp de Suippes. Les images sont réalisées en noir et blanc. Les lieux des prises de vue sont indiqués avec leurs coordonnées polaires.
« C’est un banquet que s’offre la terre », extrait du poème « Merveille de la guerre » Calligrammes.
Le 4 décembre 1914, Guillaume Kostrowitzky, sujet russe polonais, connu sous le nom de Guillaume Apollinaire, signe son engagement pour la durée de la guerre. Il a choisi de défendre la patrie dont il a épousé la culture et la langue. Désormais, il se vivra double, poète et combattant.
Le 6 avril 1915, Apollinaire arrive sur le front de Champagne, à Mourmelon-le-Grand reçoit son baptême du feu dès l’arrivée au front. La souffrance et l’horreur iront ensuite croissant jusqu’à la blessure de mars 1916 au Bois des Buttes. Artilleur, puis fantassin, il participe à la 2e offensive de Champagne (25 septembre – 6 octobre 1915).
Sous-officier promu officier, il se distingue, comme le souligne la citation qu’il reçoit en juin 1916. De son côté, le poète Apollinaire fourbit ses armes : la rêverie, la correspondance, l’amour de sa fiancée Madeleine Pagès, le dessin, la poésie. Ce sont des armes défensives, comme les masques à gaz, le camouflage, le bleu de l’uniforme, omniprésents dans toute sa poésie du front. Il nourrit sa création des réalités guerrières : il les poétise, sans les magnifier, « afin que la beauté ne perde pas ses droits ».
11 novembre 2008 90ème anniversaire… il ne s’agit pas de célébrer la victoire de 1918, mais la fin de la dernière guerre d’ordre essentiellement européen, même si celle-ci a connu d’importants prolongements mondiaux.
Ce travail n’aurait pu se faire sans l’aide de Pierre Marcel Adema qui m’a présenté la vie de G. Apollinaire mais aussi, Michel Décaudin et Laurence Campa, tous trois spécialiste, du poète.